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Culture et Chanson
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23 avril 2020

#déconfinement Dans ce drame historique pour la culture : à quoi joue le Prodiss ? Questionnements

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On le sait, la gestion du Coronavirus  est catastrophique dans son ensemble. On peut toujours dire qu'il n'y a pas que la France mais le monde entier touché, c'est d'une part assez faux (la Chine n'a jamais été entièrement confinée, c'est la ville de Wuhan qui a été mise en quarantaine, Taiwan et la Corée du sud vont bien, merci) d'autre part, des dizaines de pays ne peuvent être que touchés de manière similaires puisque de la France à l'Equateur (remarquable article à ce sujet sur Médiapart), les systèmes de santés ont subi des coupes budgétaires, des 'restructurations' incessantes pendant une trentaine d'années, avec la bénédictions d'organisations économiques internationales que nous ne nommerons pas. Des organisations qui ont encouragé l'installation de multinationales peu regardantes sur le droit du travail mais insistaient sur la nécessité de  tenir le budget national (bref limiter les dépenses publiques etc). 
Soyons clairs, lucides : les citoyens français ont joué le jeu du confinement pour ne pas engorger un système de santé saturé. Saturé car non préparé, non préparé parce que victime de restructurations (donc de coupes budgétaires, de restrictions de recrutements etc) pendant des décennies. Le personnel hospitalier défilait déjà pour protester contre  cette situation en 2008. La même année un certain Sarkozy aidait...les banques...qui elles-mêmes ont d'ailleurs aidé bien peu leurs usagers.
 Le virus  directement tue peu dans l'absolu, ce n'est pas malsain de le rappeler, ce n'est pas faire offense aux morts de ce virus que de le dire. M. Salomon peut toujours donner la litanie des chiffres des morts, il se créé une lassitude dans l'opinion publique qui souhaiterait plutôt qu'on lui dise où l'Etat en est pour les masques, les tests etc. On aimerait l'entendre sur ce que constatent de nombreux scientifiques : l'épidémie pourrait disparaître d'elle-même. Toute la mythologie autour du vaccin propagée par les médias et quelques sommités inconscientes d'un obscur comité scientifique fait perdre du temps.  Les lendemains du confinement seront sanglants car des millions de citoyens ne comprennent toujours pas comment pendant plusieurs semaines un gouvernement a pu se plier à des technocrates d'une part et des épidémiologistes d'autre part qui ont des compétences dans leur domaine mais comme nous le rappelaient des artistes au gré des échanges,  n'ont aucune compétence en sociologie, en ethnologie, en économie, en religion. D'ailleurs, si jamais ils ont des compétences dans ces domaines, alors  des civils organisés en collectif pourraient porter plainte  car c'est assez cavalier, pour ne pas dire criminel d'envoyer 65 millions de citoyens en confinement pour une durée que certains souhaitaient voir prolongée jusqu'à la mi-juin ! Le président touché par une grâce quelconque (ou la peur) a pris de court ces sinistres individus en évoquant le 11 mai. Une façon également de mettre son exécutif au pas ?
Oui mais voilà jusqu'à nouvel ordre, les restaurants, les lieux culturels demeurent fermés après le 11 mai. Sans évoquer les restaurants, les lieux de culture, la situation  est d'ores et déjà affreuse pour des pans entier de la société. Là c'est la touche finale pour achever des vies. Notre phrase est violente ? Pas plus que les suicides ou les tentatives de suicide en cours dans le pays. Il y a même une forme d'atteinte à l'identité nationale. Xavier Bertrand, président du Conseil Régional des Hauts-de-France évoquait l'urgence sur Europe 1 il y a 5 jours de ré-ouvrir les cafés, les restaurants, les lieux de culture au plus vite car il en va de l'âme de la Nation. Mais les technocrates connaissent-ils le sens de 'âme de la Nation' ? Il paraît que ces lieux demeurent fermés pour limiter la circulation du virus. Résumons la bêtise de ce raisonnement :
- dans  une surface moyenne d'un Franprix ou d'un Monoprix, en une heure, moins de cent mètres carrés, une trentaine de personnes voire plus se croisent, touchent des aliments etc. (vérifié personnellement en province)
- Mais une vingtaine de clients assis à leurs places, face à leurs assiettes dans un restaurant eux faciliteraient la propagation du virus...
Le principe de précaution mène  à l'absurde surtout...qu'il n'existe aucun consensus sur la façon dont se transmet la virus ! Et oui, il recèle encore une part de mystère, France Info en parlait ce matin. Mais les technocrates n'aiment pas le mystère et l'inconnu. Il y a quelque chose de désespérant pour le citoyen à livrer sa vie à des autorités aussi irresponsables.
Face à cette catastrophe, les syndicats de restaurations sont assez unis. Et la plupart des restaurants souhaitent ouvrir dès juin. Nous le souhaitons.
Mais alors qu'en est-il du monde culturel ? C'est une catastrophe et le mot est faible. Mais il y a là un prisme médiatique qui consiste à réduire le monde culturel et complexe aux gros festivals annulés et aux intermittents. Un artiste n'est pas forcément intermittent, il n'en est pas moins artiste, reconnu comme tel (auteur, parolier, chanteur, etc), c'est un sujet qui a été abordé ici depuis 2008 à maintes reprises au gré d'entretiens.  Intermittent n'est pas un métier. C'est un régime social intéressant. Ce n'est pas un métier. Et réduire la problématique culturelle au devenir des intermittents est une mauvaise réflexion. Les artistes ne sont pas égaux. A noter que les chorégraphies en monde confinement des danseurs de l'Opéra de Paris sur internet n'ont pas été du goût de tous, au delà de l'aspect glauque (jouer au spectacle vivant chez soi, pour relayer sur instagram ou facebook est d'une tristesse incroyable), certains rappelaient qu'ils sont des salariés permanents et  que ce n'est probablement pas eux les plus impactés par la mise au silence du monde culturel dans l'immédiat.
Réduire le monde culturel à l'annulation des gros festivals est également une folie. La culture s'exprime 365 jours par an sur tout le territoire dans les lieux variés : théâtres (pour la plupart privés sur Paris), centres culturels, médiathèques, jardins publics, cinémas, musées. De la vitalité de ces lieux dépend la santé aussi des restaurants, des bars. Si l'Allemagne veut s'amuser à fermer ses lieux culturels pour 18 mois (source France Culture), ce n'est pas une raison pour les imiter. Tout simplement parce qu'en dépit des difficultés, la France depuis des décennies tient une place  à part dans le monde pour ce qui relève de la culture. Il y a une offre culturelle. ll y a une demande culturelle. Et le monde artistique jusque là a suffisamment été résilient pour entretenir une dynamique et participer de fait à l'économie française. Couper la dynamique c'est empêcher clairement la résilience. 

Mais alors nous tombons des nues à la lecture de l'entretien par France Culture (encore cette radio d'état...) de Malika Seguineau, directrice générale  du Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété.
 Passe encore qu'elle ait la naïveté de croire que Bercy prenne au sérieux la place de culture dans l'économie française. Il y a des années que nous savons qu'il n'en est rien pour des raisons idéologiques : la culture n'a pas pour but d'être systématiquement rentable, ce non-impératif de rentabilité ne peut donc pas convenir aux technocrates de Bercy. 
Mais le pire, celui qui a manqué de nous étouffer, nous relayons ce passage 
'Nous avons déjà commencé à travailler sur les dispositifs nationaux mis en place aux niveaux fiscal et social pour mettre nos entreprises "en mode sommeil" et que personne ne fasse faillite durant cette période.  [...] Ce que nous voulons obtenir ensuite, c'est que ce "mode sommeil" dure le plus longtemps possible, c'est-à-dire jusqu'à la reprise, voire un peu après. Car ce n'est pas le jour-même de la reprise que l'économie de l'entreprise ira mieux et que la trésorerie sera reconstituée.'

Chère Madame, l'enfer est vraiment pavé de bonnes intentions. Au début de votre entretien, vous avez fait une bonne analyse sur la catastrophe en cours sur le milieu culturel. Mais gardez vos solutions pour vous  et vos adhérents (dont certains doivent tirer la tronche en vous lisant).  Vous voulez que le mode sommeil dure le plus longtemps possible  : vous ne comprenez donc pas que cette mise en sommeil prolongée va tuer les lieux, va tuer des emplois. Que seules certains structures, certaine salles pourront bénéficier des dispositifs que vous évoquez. Votre diagnostic est bon, vos solutions un désastre.A la lecture, on comprend que le Prodiss accepterait que les lieux culturels ouvrent en novembre du moment qu'il y ait des aides pur tenir le coup. Rassurez-vous, je ne suis pas le seul à avoir compris cela, puisque ce lien m'a été envoyé par six artistes et un metteur en scène d'une compagnie de théâtre abasourdis par tant de...on n'a pas le mot. Inconscience ? Pour le coup on espèce que Bercy ne vous écoute pas et va écouter Franck Riester, Aurore Bergé ou Xavier Bertrand.  
 
Vous prétendez être inquiète de la situation des festivals non-subventionnés qui pourraient disparaître (comme si d'ailleurs les festivals subventionnés allaient voir leurs subventions reconduites l'année prochaine, on peut toujours croire au  Père Noël). Mais manifestez clairement votre inquiétude  également pour les salles de spectacles privées, sans subventions qui sillonnent tout le territoire. Vous entretenez cette confusion entre festivals ponctuels et lieux culturels ouverts toute l'année (cette confusion ne semble pas gêner la journaliste  Rosalie Lafarge qui ne réagit guère). Cette confusion est dangereuse selon l'interlocuteur à qui vous vous adressez. 
 
Vous ne dîtes rien à ce sujet mais vous prônez une mise en sommeil assortie d'illusoires garanties. Désolé, madame, c'est dès mai que les théâtres, les salles de concerts de dimension moyenne doivent ouvrir. Au même titre que les restaurants. La reprise sera sans aucun doute lente, mais plus tôt elle a lieu, mieux c'est. Tout le monde a besoin de travailler. La plupart des gens se passent d'une mise en sommeil (surtout après plusieurs semaines de confinement). Si le Prodiss parle ainsi, le Prodiss n'est pas notre ami. Nous considérons que ce discours sur la mise en sommeil est nocif pour des pans entiers du monde culturel. 
Que ce soit à Paris, Lille ou Rocamadour : les restaurants, les musées, les lieux de spectacles doivent ré-ouvrir le  plus tôt possible. Pas en juillet, pas en août, pas en septembre. Mais dès mai. C'est un positionnement de notre rédaction clairement assumé. Après tout les gens qui ont peur de sortir...n'ont qu'à pas sortir et rester chez eux. Mais qu'ils n'entravent pas le désir de vie de leurs concitoyens. En Argentine, au plus fort des multiples crises  que le pays a subi, les gens sortaient, mangeaient, buvaient, allaient à des concerts. L'homme n'est pas fait pour être réduit à ses fonctions essentielles : manger, boire, pisser, chier et toucher des indemnités en attendant que la vie normale revienne en 2060. 
Une parolière me racontait avoir l'impression de voir des zombies dans son quartier. Elle n'ose plus sortir car elle a le sentiment d'assister à la déchéance humaine. Sortir pour acheter à manger, rentrer à la hâte. C'est presque une vie de rat, rajoutait-elle (elle se reconnaîtra, merci pour son témoignage). Nombreux sont nos citoyens qui n'attendent  qu'une chose : retrouver le chemin des bars, d'un bon plat dans un restaurant, d'une séance de cinéma ou assister à un concert au Forum Léo Ferré (100 places). Les gérants des bars, restos, cinémas etc ne sont pas irresponsables : ils accepteraient de porter des masques s'il le faut, de mettre un peu d'espace entre les sièges, les tables (fameux espace sur lequel il n'y a pas de consensus non plus), de désinfecter régulièrement et de proposer du gel bactériologique à l'entrée. De même certains spectateurs seraient prêts à porter un masque. 

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 La gestion catastrophique du virus dans les pays riches essentiellement a conduit à un confinement inévitable, mais ce confinement (et ses conséquences) demeure une insulte à l'anthropologie. Le rôle de l'artiste dans les mois qui viennent est essentiel. Et ce rôle n'a de sens que s'il s'exprime sur la place publique.  Le plus tôt possible. Le plus tôt sera le mieux.
La rédaction
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