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Culture et Chanson
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  • Vous êtes ici sur un blog culture et chanson. J’écris sur la chanson française mais également d’autres sujets:cinéma, politique,arts divers.J’espère que vous prendrez plaisir à visiter mon blog, que je souhaite enrichissant, instructif.Bonne visite...Luc M
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1 juin 2015

La lettre ouverte de Bertrand Ferrier à la patronne du bar Le Connétable : mesquinerie et humiliations ?

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Quand on tient ce genre de blog, on a une responsabilité, à mon grand étonnement. En effet, chaque semaine, des chanteurs qui souhaitent consacrer leur vie, l'essentiel de leur vie à la musique, m'écrivent pour savoir si j'ai des adresses de lieux de concerts à leur conseiller sur Paris. Je leurs réponds que je ne vis pas sur Paris mais au fil des discussions en off avec des artistes plus installés, je me permets de les orienter vers des lieux dont le professionnalisme (qui inclut le respect aussi de l'artiste et du public) fait plutôt consensus. Dans le petit milieu chanson parisien, ces lieux ne sont pas si nombreux : Forum Léo Ferré, Anart Scène, Limonaire, Magique, Angora, Menuiserie, la Péniche El Alamein, Théâtre Ménilmontant, voire le Kibélé. Tous ces lieux bénéficient d'une image grosso modo positive (grosso modo = nuances). Tous ? Non, un lieu résiste encore et encore et dégage une image négative jusqu'à la caricature. Depuis l'existence de ce blog, plusieurs internautes, et parmi eux des artistes, au fil d'échanges passionnants, passionnés, m'ont dit le plus grand mal du Connétable (au mieux ils n'en pensent rien, ou parfois n'ont pas souhaité y chanter en ayant eu des mauvais sons de cloches). Au début, je prenais les quelques témoignages pour la preuve que les artistes en question qui m'écrivaient étaient aigris, trop fiers. Et je ne pouvais ni les contredire ni aller dans leur sens, n'ayant jamais mis les pieds dans ce lieu. Là où le bât blesse, c'est lorsque ce sont des passionnés de chansons, des spectateurs qui vous en disent le plus grand mal. Mais toujours au sujet du Connétable, je me suis tu.

 

Je crois que j'ai eu tort. Aussi lorsque des chanteurs m'écrivent pour que je leur conseille des salles, je leur cite tout un tas de salles sauf le Connétable. Mais s'ils me posent la question sur le Connétable, je leur dis que le nombre de témoignages négatifs sur ce lieu ne m'incite pas à les encourager à essayer d'y chanter. Question de responsabilité, de respect pour les artistes. Ok, très bien, personne n'a demandé à voir tel ou tel artiste sur scène. Est-ce une raison pour lui manquer de respect ? Non. Alors le Connétable , si c'est pour y dîner : pourquoi pas. Pour y chanter, ou voir un concert ? Réfléchir. Bien réfléchir. Oh mais je sais bien qu'au moment où je jette ces lignes, des gens m'écriront en disant 'qu'il ne faut pas faire de généralités', tel artiste m'écrira pour me dire qu'il en garde 'un super souvenir'. Oui mais voilà. Comment se fait-il qu'un lieu suscite autant de réactions épidermiques ? Pourquoi ce lieu ne fait pas le poids, en terme de réputation justifiée, comparé aux autres lieux cités plus haut ?

 

L'ennui c'est que tous ces témoignages sont en off. Tout se passe comme si les artistes n'assumaient pas en public leurs déconvenues. Ils ont peur sans doute d'être grillés. Le silence en public est un aveu d'échec. Voilà pourquoi le témoignage de Bertrand Ferrier est une petite bombe. Car ce n'est pas le témoignage d'un chanteur qui joue les victimes. Au contraire, il fait preuve de recul, de distance. Le constat implacable qu'il dresse est essentiel car il rappelle que l'une des difficultés auxquels font face les artistes ce n'est pas uniquement l'indifférence de certains médias, le public incertain ou les rivalités entre chanteurs, c'est aussi l'attitude de salles qui prétendent défendre la chanson. Le témoignage édifiant de l'artiste pourrait être intitulé 'Mesquinerie et humiliations'. Attention, laissons planer le doute : je dirais ironiquement que tout le monde a droit à la présomption d'innocence. Mais reste le sentiment de défaite vécue par un artiste qui n'est pas un débutant :chanteur, écrivain, il est entre autres celui qui a découvert et traduit Eragon en France (150 000 ex.vendus), qui a publié une dizaine d'ouvrages chez Hachette.  Il a un public, il a son propre style, une véritable expérience de la scène et a fait profiter d'autres artistes, parfois plus connus, de ses compétences avec son association Perlimpinpin, en organisant des soirées culturelles avec des invités d'honneur dans des bars, des cabarets. Il connaît le monde artistique et ses vicissitudes. Rien ne l'étonne, sans doute. Mais une chose l'énerve à juste titre et il n'est pas le seul : le manque de respect, surtout quand il est aussi flagrant. Qu'on ne s'étonne pas que certains artistes préfèrent accélérer les choses en allant sous les sunlights des The Voice et autre Star Academy, Nouvelle Star etc...certes le risque d'échec est élevé mais au moins les candidats auront brillé, auront goûté à l'illusion de gloire le temps d'une chanson et en parleront encore des années plus tard : il n'a jamais été prouvé que l'humiliation dans des petits lieux était une condition pour réussir. C'est juste de l'humiliation. Point barre.

 Accéder au témoignage : http://www.bertrandferrier.fr/?p=4217.

 Luc Melmont

Bertrand Ferrier chante "En gros" au Connétable

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Commentaires
L
"le temps ne fait rien à l'affaire"<br /> <br /> <br /> <br /> Que Molière, Brassens et les lecteurs me pardonnent ce "de" intempestif !
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L
Merci pour vos remarques. Si j'ai bien suivi le fil de vos interventions, vous êtes un habitué des spectacles de chansons et de ces "petits lieux" qui rendent compte de la misère dans laquelle se débat la chanson à texte. Peut-être même nous nous y sommes croisés. Je ne les fréquente plus depuis bien longtemps maintenant pas plus que les festivals marqués "chanson à textes" ou "chanson d'auteur" ou "chanson de paroles" qui sont autant de chapelles sans ouverture, voire sectaires, sauf vers la jeunesse, "le jeunisme" à tout crin, quand ils n'ont pas dérivé vers le business du show... Je suis quelque peu désabusé de voir l'ignorance dans laquelle est maintenu cet art, mineur pour Gainsbourg, majeur pour Béart, culturellement primordial pour moi, et la pauvreté des lieux et moyens d'expression qui lui restent proposés.<br /> <br /> "Le temps de ne fait rien à l'affaire"... Malheureusement si, il l'appauvrit !
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L
Bonjour,<br /> <br /> pour moi tous les petits cabarets de la capitale se valent dans la médiocrité du confort des spectateurs et le manque de respect pour le travail des artistes. Je ne suis allé qu'une fois au Connétable et je n'ai plus eu envie d'y remettre une oreille. Le limonaire, pour moi, ça n'est pas mieux, avec, pourtant une programmation de qualité. Mais le confort d'écoute = zéro, avec toujours des clients qui n'en ont rien à faire de la chanson. Pourquoi viennent-ils ? Mystère. Pourquoi les responsables du lieu ne font rien pour que l'artiste sur scène soit respecté ? Pourquoi un chanteur pianiste tourne t-il le dos à toute une partie de la salle ? Pourquoi la cuisine elle-même fait un tel boucan pendant le spectacle. Bref le Limonaire est pour moi une contre indication totale pour de la chanson à écouter.<br /> <br /> Le Magique c'est pas mieux... Claustrophobe s'abstenir. Le piano est faux ( toujours quand j'y allais) et pas souvent nettoyé !. Ne pas faire le plein systématiquement dans une si petite salle, c'est un signe ! Pourtant Marc Havet ne manque pas de talent sur scène, mais sur une vraie scène.<br /> <br /> Autrefois le Bateau Ivre était pareil, humidité et salpêtre en plus ! Mais le piano sonnait juste, il était accordé.<br /> <br /> Il ne faut pas mettre le Forum Léo Ferré dans le même panier, c'est une vraie salle de spectacle, avec des moyens techniques satisfaisants, même si, pour ce qui est de la promotion, c'est nul, et pour le confort, médiocre.<br /> <br /> Peut-être certains ont connu autrefois L'Ecume, sur deux étages, spectacles à la cave jauge 60 places environ, presque toujours plein, et le bar à l'étage, bien tenu, n'interférait pas dans le déroulement du spectacle en bas. Il y avait une vraie ambiance à l'Ecume, comme aussi je l'ai ressentie au Loup du Faubourg. Malheureusement ces deux cabarets où on aimait les artistes et la chanson, n'existent plus.
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J
Bonjour, <br /> <br /> Certes Maurice Fanon fait partie de l'histoire de notre patrimoine chanson, Oui, Leprest y venait souvent, je l'y ai vu, entendu, de même que quelques artistes "notables" de la chanson, Anne Vanderlove ou Jean-Pierre Réginal, qui étaient des copains de Fanon, et quelques autres aussi, moins marquants. Mais selon moi, ça ne suffit pas à faire du Connétable un "lieu historique". Ce n'est pas La Colombe, par exemple, avec sa programmation d'une richesse unique où presque tous les grands ont fait leurs débuts et parfois continué à venir lorsqu'ils étaient connus,(dont Fanon je crois), et où les salles étaient toujours combles et riches de spectateurs de tous milieux et de tous horizons.<br /> <br /> Je ne sais pas quelles étaient les conditions techniques de La Colombe, que je n'ai pas connue, mais la qualité de la table et du service était réputée, ce qui n'est pas la moindre des choses pour faire l'histoire, et qui fait un fossé d'écart avec le Connétable!<br /> <br /> A mon humble avis...<br /> <br /> <br /> <br /> Jacques.
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J
Bonjour à tous,<br /> <br /> <br /> <br /> " Le Connétable indéniablement jouit d'une certaine réputation." <br /> <br /> <br /> <br /> Ah bon! Une certaine bonne ou mauvaise réputation ?<br /> <br /> <br /> <br /> Du temps où j'étais parisien j'ai bien connu ce "cabaret " où parfois nous accueillait Maurice Fanon. J'ai beaucoup fréquenté ce lieu jusque deux ou trois ans après la disparition de l'hôte. J'y ai vu pas mal d'artistes pas ou peu connus, parfois un peu plus car amis de Fanon, du très bon et du moins bon aussi, c'est normal. Je dois dire que je n'ai jamais trouvé au Connétable un grand respect ni pour le public (inconfort total, conditions d'écoute délicates) ni pour les artistes (conditions techniques inexistantes, promotion absente, piano faux car sans doute rarement accordé). Je ne connais pas Bertrand Ferrier mais son témoignage, que je trouve plutôt courageux dans un milieu où tout le monde il est beau et gentil, ne me surprend pas. J'ai aussi fait des constats similaires dans d'autres petits lieux de notre capitale qui n'offre vraiment pas beaucoup de possibilités d'expression décentes à notre chanson d'auteur. <br /> <br /> Et parler de lieu historique comme un intervenant précédent me semble relever du rêve. Pour la chanson, s'entend !<br /> <br /> <br /> <br /> Jacques L.
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