...Entretien avec Nicolas Duclos : mot pour mots(maux)
...Le chanteur Nicolas Duclos fait partie des artistes qui font les belles heures de la scène chanson française sur Paris. Les amateurs des petits lieux ne peuvent pas ne pas le connaître, tant son physique et ses chansons qui abordent le quotidien dans un mélange subtil humour/mélancolie font de lui un être à part, unique. Nous avons rendez-vous avec un amoureux au sens strict de la Chanson. Et rares sont les artistes dont on peut penser qu'ils considèrent la Chanson comme une Fin en soi.
Luc Melmont : Nicolas Duclos, merci de nous accorder cette interview : pourquoi la chanson ?
Nicolas Duclos : Merci beaucoup à vous !Pourquoi est-ce que je suis venu à la Chanson ?
Ce sont plusieurs chemins différents que j'ai parcourus et qui ont fini par se rejoindre. J'ai commencé le piano assez jeune, j'adorais en jouer mais j'ai toujours eu du mal à déchiffrer les partitions. Cela ne m'a pas fait arrêter mon apprentissage, mais grâce à cela, je me suis aussi mis à faire de plus en plus d'improvisation, et voila comment j'ai appris à composer des mélodies. Parallèlement, j'écrivais des poèmes. D'horribles poèmes, quand je les relis aujourd'hui, complètement désincarnés ou totalement nombrilistes, et en tous cas indéchiffrables par n'importe qui d'autre que moi. Mais des poèmes quand même.
Et puis, la chanson française, c'est ce que j'écoutais principalement (exception faite du groupe Queen, dans lequel j'ai baigné pendant des années). Je chantais tout le temps, au grand désespoir de mes camarades. Ensuite il y a eu les livres de chant, les soirées entre amis où j'accompagnais tout le monde au piano - de façon basique - ou - encore plus mal - à la guitare.
Enfin j'ai découvert les chansons de Romain Didier, en piano - voix, et c'est en transcrivant à l'oreille des dizaines de leurs chansons que j'ai appris vraiment à harmoniser, à m'accompagner, et que j'ai écrit mes premières chansons qui commençaient à ressembler à des chansons.
J'ai
continué à en écrire, par périodes. J'avais dans un coin de ma tête le
désir d'aller vers la scène, mais je ne savais pas du tout comment.
J'ai essayé plusieurs fois, et à nouveau quand je suis arrivé à Paris,
mais je n'arrivais pas à mettre la main sur les bons lieux ; je tombais
soit sur des piano bars où il fallait jouer des reprises "mainstream",
soit sur des lieux beaucoup plus rock que ce dont je suis capable. Et j'avais
finir par me dire que, maintenant, pour la chanson, il n'y avait plus
que les réseaux de salles de concerts pour les artistes qui passaient
"déjà" à la radio.
C'est
grâce à myspace que je me suis rendu compte qu'il y avait plein de gens
qui, comme moi, étaient passionnés par la chanson, en écrivaient et se
produisaient dans de petits lieux. Je me suis dit qu'il me fallait
arrêter de "rêvasser" dans mon coin et m'investir plus sérieusement
dans ma passion pour arriver à en faire quelque chose plutôt que de me
dire quand je serai vieux "J'avais ça en moi, mais je n'en ai rien
fait". Et depuis, c'est à dire depuis près de 3 ans maintenant, je ne
sais plus ce que c'est que le "temps libre" puisque presque tout celui
dont je dispose en dehors du travail qui me fait vivre est consacré à
la chanson.
Luc Melmont : Vous avez repris Allain Leprest, fait-il partie de vos influences ? Une référence ? Quels sont les artistes que vous appréciez ?
Nicolas Duclos : Oui,
comme je vous le disais, Romain Didier, puis Allain Leprest ont été, et
restent, une référence, une direction vers laquelle j'aimerais aller
dans mon travail. Le genre de chanson que je trouve les plus abouties.
J'ai été influencé aussi par Barbara (que je réécoute tous les hivers),
par William Sheller. Par les mélodies de Queen, tellement belles et
limpides. J'aime les chansons quand elles racontent des histoires, ou
quand elles s'enracinent dans l'intime. Quand elles font claquer les
mots, qu'elles les scandent ou jouent avec eux. En dehors de la chanson
proprement dite, j'aimais - et j'aime toujours - Jil Caplan (tellement
gouailleuse, tellement mystérieuse), JP Nataf et les Innocents (pour
leurs mélodies et leurs textes qui me vont droit au coeur). J'ai aussi
la plupart des albums de MC Solaar. Et j'écoute aussi beaucoup de
musique classique, sans être pourtant pointu dans ce domaine : j'aime
les oeuvres pour piano, les grandes symphonies, et aussi la musique
religieuse.
Pour en venir à ce que j'écoute aujourd'hui, je me suis brusquement mis depuis l'an dernière à aimer plus que tout ce que fait Serge Lama, après l'avoir redécouvert sur France Culture dans l'émission d'Hélène Azéra sur France Culture (J'ai même pris le TGV pour Arras quelques jours après pour aller le voir en concert, tellement cette découverte m'avait scotché).
Et surtout, fréquentant ce qu'il est convenu d'appeler les "petits lieux", la plupart des disques que j'achète et que j'écoute aujourd'hui sont ceux des personnes qui chantent dans ces circuits là. Marc Havet (qui me donne beaucoup de conseils et dont j'admire profondément le talent d''auteur et au piano, le charisme sur scène et la liberté dans tout ce qu'il entreprend), Nathale Solence, et Jacques Serizier qu'elle m'a permis de découvrir, Jann Halexander (grâce auquel j'ai connu le magique et en première partie duquel je chanterai le vendredi 11 Juin à l'Archipel), Florent Richard.
Parmi mes découvertes récentes, à me dégoûter dégoûter d'écrire tellement ils ont du talent; il y a :"La gêne occasionnée" (http://www.myspace.com/lageneoccasionnee) ; c'est une sorte d'hurluberlu électrocuté qui débite des textes hilarants, violents, jouissifs)et surtout Théophil (http://www.myspace.com/theophildesvies), qui a une plume formidable, qui raconte des histoires très tendres ou très marrantes, qui me font prendre un coup de vieux, et qui assure sur scène comme une bête. Il est venu à Paris pour labourer les bars musicaux pendant quelques mois et tenter de se faire repérer, et franchement s'il ne réussit pas à faire quelque chose dans la chanson, c'est à désespérer.
(je n'ai pas d'actions chez eux ; mais vraiment, ils sont très forts, et c'est pourquoi je vous invite à en parler sur votre blog si vous aimez)
Luc Melmont :
A Quand un cd ? Nicolas Duclos : C'est
un peu l'arlésienne. Avec des amis, nous avons enregistré en studio le
piano pour 23 de mes chansons en Juillet dernier, mais nous n'avons
terminé que 4 titres en piano - voix, car entre temps nous avons conçu
le projet d'arranger mes chansons en trio voix + guitare + violon avec
des choeurs. Il y en a deux qui sont terminées sous cette forme, et que
vous pouvez entendre sur mon myspace (www.myspace.com/nicolasduclos). Je trépigne d'impatience d'avoir un CD à proposer à la fin de mes concerts. On va bien finir par arriver à trouver le temps.
Luc Melmont :
Quel regard posez-vous sur le monde de la Chanson ? Nicolas Duclos : Je
ne connais que celui des "petits lieux" dont je parlais tout à l'heure.
Ce que j'aime, aussi bien du côté des artistes que de celui du public,
c'est la convivialité, la curiosité des gens que l'on croise, la
modestie de la plupart des artistes et l'entraide qui règne pour
partager les bonnes adresses. Il y a des artistes que j'ai rencontrés,
comme Jules Bourdeaux, et qui m'ont donné les codes, et beaucoup de
trucs pour affûter mon répertoire, construire mes spectacles... En
allant dans ces lieux, on découvre toujours de nouveaux artistes, que
l'on a plaisir à suivre dans les autres endroits où ils chantent. Et il
y a les scènes ouvertes, où l'on découvre parfois des pépites et où
l'on peut affûter ses nouvelles chansons.
Luc Melmont :
Vous semblez souvent chanter au Magique, le cabaret du chanteur Marc Havet, que représente le Magique pour vous ?
Nicolas Duclos : Le
magique résume tout ce que j'ai dit plus haut sur les lieux de chanson
que je fréquente. La convivialité. La liberté. La découverte. Le joyeux
bordel. Allez y si vous passez un soir au 42 rue de Gergovie ! Luc Melmont :
Des projets ?
Nicolas Duclos :
En
juin, j'ai 5 concerts prévus ! Avec Emma Staël, nous avons construit un
spectacle de chansons en duo au théâtre de l'île Saint-Louis Paul Rey
(je vous ai envoyé les infos hier). Je l'accompagne et je m'accompagne,
et nous avons mélangé nos chansons, avec un semblant de mise en scène
pour que le tout soit fluide. Nous le jouerons 3 fois en juin. J'ai
aussi un concert solo au Magique mercredi prochain, et vendredi 11 je
suis invité par Jann Halexander à chanter en 1ère partie de son concert
à l'Archipel.
A
plus longue échéance, j'essaie d'organiser un concert à Chambéry, la
ville dont je suis originaire. Je ne sais pourquoi, j'ai aussi envie
d'aller chanter à Lyon. Je rêve, un jour, d'aller chanter pendant l'été
dans les centres de vacances ou les festivals, mais je crois que ce ne
sera pas encore pour cette année.
Luc Melmont :
Enfin, parce que c'est la tradition, votre plat préféré ?
Nicolas Duclos : L.M