Images et mots du pays natal...''La Petite Tonkinoise''
...Une photo d'abord. Celle du pays natal. Le Viêt Nam. Un mot aussi sur le Tonkin : est la partie septentrionale du Viêt Nam, au sud des provinces de Yunnan et Guangxi(Chine), à l'est du Laos et à l'ouest du Golfe du Tonkin. Le Viêt Nam fit partie de l'Indochine, grande colonie française. Je ne peux que conseiller le superbe et éprouvant film Indochine (1992) de Régis Wargnier, avec Catherine Deneuve, Vincent Perez, Dominique Blanc, Jean Yanne et Linh Dan Pham. Ce film raconte l'histoire d'une famille française coloniale des plantations des années 20 jusqu'en 1954, année où les accords de Genève mirent fin à la colonisation française, qui fit des milliers des morts et détruisit des millions de vies.
Une chanson...le Tonkin, nul doute, inspira cette petite et entêtante chanson, à l'ambiance mi-joyeuse mi-mortifère , créée à partir de la chanson El Navigatore composée vers 1898 par Georges Villard, et des paroles adaptées par Henri Christiné sur une musique de Vincent Scotto : La Petite Tonkinoise, immortalisée par Joséphine Baker qui en fut la plus brillante interprète. N'y a t-il pas ici un étrange paradoxe de voir cette femme de couleur chanter d'étranges paroles évoquant les délices de la vie coloniale ? Mais après tout, Joséphine Baker n'était pas seulement une femme de couleur. Ceux et celles, notamment aux USA, qui voulurent la réduire à cela, durent se rendre à l'évidence qu'ils faisaient fausse route. Joséphine Baker était une Femme, tout simplement et la première star du 20ième siècle. Sulfureuse, sensuelle, flamboyante, désinvolte, décadente, pétrie de paradoxes, et plus représentative de la grandeur voulue de l'Europe début de siècle. Elle serra la main de Mussolini, fut accueillie par Peron en Argentine mais fut aussi décorée Légion d'honneur par De Gaulle.
A noter qu'il existe une version masculine...et une version féminine de La Petite Tonkinoise !
Luc Melmont
La Tonkinoise
- Pour qu'j'finisse mon service
- Au Tonkin je suis parti
- Ah! Quel beau pays mesdames !
- C'est l'paradis des p'tites femmes
- Elles sont belles et fidèles
- Et j'suis dev'nu l'chéri
- D'une p'tite femme du pays
- Qui s'appelle Mélaoli.
(Refrain)
- Je suis gobé d'une petite
- C'est une Anna, c'est une Anna, une Annamite
- Elle est vive elle est charmante
- C'est comme un z'oiseau qui chante
- Je l'appelle ma p'tite bourgeoise
- Ma Tonkiki, ma Tonkiki, ma Tonkinoise
- Y'en a d'autres qui m'font les doux yeux
- Mais c'est elle que j'aime le mieux.
- L'soir on cause d’un tas d’choses
- Avant de se mettre au pieu
- J'apprends la géographie
- D'la Chine et d'la Manchourie
- Les frontières, les rivières
- Le Fleuve Jaune et le Fleuve Bleu
- Y'a même l'Amour, c'est curieux
- Qu'arrose l'Empire du Milieu.
- (Refrain)
- Très gentille, c'est la fille
- D'un mandarin très fameux
- C'est pour ça qu'sur sa poitrine
- Elle a deux p'tites mandarines
- Peu gourmande, elle ne d'mande
- Quand nous mangeons tous les deux
- Qu'une banane c'est peu coûteux
- Moi j'y en donne autant qu'elle veut.
- Mais tout passe et tout casse
- En France je dus rentrer
- J'avais l'coeur plein de tristesse
- De quitter ma chère maitresse
- L'âme en peine, ma p'tite reine
- Était v'nue m'accompagner
- Mais avant d'nous séparer
- Je lui dis dans un baiser.
- Ne pleure pas si je te quitte
- Petite Anna, petite Anna, p'tite Annamite
- Tu m'as donné ta jeunesse
- Ton amour et tes caresses
- T'étais ma petite bourgeoise
- Ma Tonkiki, ma Tonkiki, ma Tonkinoise
- Dans mon cœur j'gard’rai toujours
- Le souv'nir de nos amours.