Une virtuose en dehors du monde de la Chanson : JULIETTE
...Elle est une virtuose. Il y a les pour. Il y a les contre. Ses détracteurs crient à l'imposture, disent qu'elle est faiseuse et démodée (voir à ce sujet réactions assez violentes dans les commentaires sur fnac.com). Ils ne digèrent pas qu'elle existe. Et il y a les pour, leurs arguments sont nombreux.
Dans les années 90, Juliette Noureddine, a pris la relève avec talent de ses prédécesseurs : Brel, Barbara, Anne Sylvestre. Par la beauté de ses interprétations, par sa générosité sur scène, par le talent de ses musiciens, elle a...injecté du sang neuf dans la Chanson. Sans y ajouter, comme l'aurait voulu une certaine intelligentsia, du rock ou de la pop. Alors certes, à part Sur l'Oreiller ou Lapins, il est difficile de se souvenirs des mélodies longues et travaillées de Juliette. On écoute un cd et souvent...on range...
Car c'est l'atmosphère globale qui séduit, notamment sa présence (d'aucuns diront truculence) sur scène. Parfois ce qu'elle raconte entre les chansons est plus intéressant, plus drôle que les chansons elles-mêmes. Peut-être que c'est ce qu'elle dit entre les chansons qui fait passer la pilule. Et cela, le grand public (notion toute relative tant elle est risquée) approuve. On peut le déplorer, disent certains. Car le public de Juliette n'est pas forcément féru de Chanson française. Il ira voir Juliette, il n'ira pas forcément voir Bernard Joyet, qui a pourtant écrit parmi les plus belles chansons de la chanteuse (Mayerling, il n'est pas de plaisir superflu!).
Juliette a sublimé la Chanson...et a dépassé la Chanson. Tel un astre géant mais lointain. Difficile de la mettre dans le milieu de la Chanson. on l'imagine franchement mal, combien même ce serait le cas, dans une programmation du festival chanson et surranné- ronron de Barjac (qui n'a pas franchement innové ces dernières années, on tourne en rond et un peu autour des mêmes artistes).
Alors on peut dire que Juliette a réussi. Attention, la notion de réussite est toute relative. Réussir c'est exister en étant soi et non en dépendant des modes. Jean-Pierre Réginal à qui j'ai consacré des pages en est l'exemple type. Exister contre ou avec vents et marées. Et les exemples jeunes et moins jeunes ne manquent pas, dont j'ai évoqué le travail.
Un chanteur me disait par mail : tu sais, le milieu de la chanson c'est une chose, la chanson c'en est une autre. En y réfléchissant bien, il semble que ce soit les solitaires, les non-affiliés à un 'clan', les 'monstres', les 'fous' qui donnent à la Chanson ses plus belles lettres de noblesse et sa raison d'être. Et c'est assurément le cas de Madame JULIETTE!
Luc Melmont